Lorsqu’il travaille là où il y a déjà des fidèles, le prédicateur devrait commencer non par chercher à convertir tous les incroyants, mais par entraîner les membres d’église à coopérer convenablement à ses efforts. Qu’il s’occupe de chacun d’entre eux, s’efforçant de les amener à rechercher une expérience religieuse plus profonde et à travailler pour les autres. Lorsqu’ils seront ainsi préparés à soutenir le prédicateur par leurs prières et leurs travaux, le succès viendra. (E. G. White, Ministère évangélique, 191)
En 2021, René Drumm et Petr Činčala ont entrepris une étude visant à comprendre pourquoi les pasteurs qui quittent le ministère pastoral au sein de l’Église adventiste choisissent de le faire. Les administrateurs et les dirigeants de l’Église ont eu du mal à élaborer des plans pour résoudre ce problème, car on ne sait pas grand-chose des raisons pour lesquelles les pasteurs décident de cesser d’être des pasteurs. L’étude a recueilli des informations de 14 anciens pasteurs qui avaient volontairement quitté le ministère pastoral.
Les chercheurs ont interrogé les anciens pasteurs sur les conditions qui les ont conduits à quitter leur emploi au sein de l’Église. Parmi les problèmes les plus fréquents, on a trouvé les difficultés continuelles avec les dirigeants de la Fédération et les membre de l’église, la structure organisationnelle de l’Église adventiste et les approches traditionnelles du ministère pastoral, les doutes spirituels et les divergences doctrinales, ainsi que le manque de formation adéquate pour effectuer leur travail correctement. Ce blog aborde la première de ces questions.
Défis continus avec les membres de l’église et les responsables de la Fédération
Il y a toujours des défis lorsque des groupes de personnes interagissent, mais les participants à l’étude ont fait une distinction entre ces difficultés et un manque de respect persistant, des luttes de pouvoir ou des membres qui ne voulaient pas assumer les charges de la direction.
« Ce qui était difficile, c’était les membres de l’église très difficiles. Des gens qui vous pourrissaient la vie. Des gens qui parlaient de vous. Des gens qui diffusaient de fausses informations sur vous et les transmettaient à d’autres personnes. » (Ralph)
« Je pense que certains des défis étaient liés au manque d’appropriation ou d’engagement de la part des membres. Les membres qui avaient une approche non interventionniste, une approche du type « je ne veux pas diriger, je vais juste venir. Je me contenterai de venir. Je ne veux vraiment rien faire. Je me contenterai de venir. » Et c’était assez éprouvant de devoir motiver des gens qui ne voulaient pas être motivés. » (Finn)
En plus, les anciens pasteurs ont confié que leurs expériences avec les dirigeants de la Fédération leur avaient souvent paru insuffisantes, négatives ou injustes.
« [J’ai ressenti] une pression de la part des dirigeants de la Fédération pour augmenter les objectifs, pour répondre aux demandes de dîmes, pour faire ce genre de choses. Et j’ai intériorisé une grande partie de cette pression. C’était comme si on était pressé parce qu’on recevait de la pression et qu’on était censé la transmettre. » (Finn)
« Nous avons vu que ceux qui n’étaient pas aimés, ou ceux qui n’avaient pas la meilleur réputation, n’étaient pas traités équitablement… Nous savions que les gens étaient envoyés à l’extérieur. Nous savions que des gens étaient envoyés dans une région où il n’y avait personne parce que l’administration ne les aimait pas. Ou bien nous savions que ce type était déplacé parce qu’il fallait lui donner une leçon. » (Silas)
Manque d’attention de la part de l’administration et des membres de l’église
Outre les conflits réels, les participants à l’étude ont eu l’impression que leur administrateurs et/ou les membres de l’église ne comprenaient pas ou ne se souciaient pas de leur bien-être, et ils ont été blessés par le manque de contacts des dirigeants de l’Église avant et après leur départ du ministère pastoral.
« Le défi que j’ai eu était un manque de soutien et d’attention pour les pasteurs. C’est un peu comme si j’étais un mercenaire – tu y vas, tu amènes le soldat et ramènes l’argent. Tant que je fais cela, tout va bien, mais à part cela, lorsque vous demandez de l’aide, il n’y en a pas. Même lorsque j’ai envoyé ma démission, il y a eu très peu de communication. » (Milo)
« Est-ce que quelqu’un m’appelle ? J’ai perdu mon mariage. J’ai perdu ma carrière. Est-ce que quelqu’un m’appelle ? Non. Pourquoi ? Parce que je pense qu’en fin de compte, il y a une culture au sein de l’Adventisme qui engendre l’inauthenticité. » (Ezra)
Soutien et défense proactive
Lorsqu’on leur a demandé ce qui aurait pu les aider à rester dans le ministère pastoral, ils ont généralement eu l’impression de devoir se débrouiller seuls pour résoudre les problèmes liés au ministère pastoral. De plus, ils ont souvent eu l’impression que dans les situations de conflit, la Fédération avait tendance à prendre le parti des membres de l’église plutôt que celui de pasteurs. Ils ont eu le sentiment que les dirigeants de la Fédération n’étaient pas suffisamment proactifs dans l’établissement des relations, ce qui est apparu clairement lorsque les pasteurs ont demandé de l’aide et ont été ignorés.
Conclusion
L’équipe de recherche de l’étude a recommandé qu’un système de leadership soit développé dans l’Église qui soutiendrait et défendrait de manière proactive non seulement la santé et le bien-être des pasteurs, mais aussi ceux de leurs familles. Notre théologie adventiste du septième jour met l’accent sur la plénitude et la santé, mais la plupart des pasteurs ne s’engagent pas dans les principes les plus élémentaires de soins personnels, émotionnels et spirituels. Ils ont également suggéré que l’administration crée des pratiques exemplaires pour les administrateurs de la Fédération et fournisse une formation complète de leadership.
En examinant les résultats de ces recherches, il est apparu que ces anciens pasteurs se sentaient seuls, sans le soutien des autres. Nous devons reconnaitre qu’il s’agit des points de vue des participants à l’étude, et qu’ils ne peuvent donc pas être généralisés à l’expérience de tous les pasteurs. Cependant, les résultats sont significatifs et ne doivent pas être ignorés. La déclaration d’Ellen White citée ci-dessus affirme qu’un plus grand succès dans le ministère sera obtenu grâce au soutien des membres de l’église. Non seulement leurs prières, mais aussi leur engagement dans les ministères de l’église sont nécessaires.
Comment pouvez-vous soutenir votre pasteur ? Que pouvez-vous faire dans votre église locale ?
Pour en savoir plus sur les résultats de la recherche concernant le soutien pastoral, veuillez lire nos blogs publiés précédemment :
- La santé émotionnelle et le bien-être des pasteurs : Des limites saines
- « Vous avez un ami en moi ! » Comment obtenir le soutien social dont vous avez besoin
- Grab-hand-supporting-seventh-day-adventist-pastors (Saisir une main : Soutenir les pasteurs adventistes du septième jour)
Créé en collaboration avec l’Institut du Ministère de l’Église
Publié par ASTR le 22/11/2023
Références
Petr Činčala et Rene Drumm. Former Seventh-day Adventist Pastors: Qualitative Study Report (Anciens pasteurs adventistes du septième jour : Rapport d’étude qualitative). 2021.